Le ourbier libyen dont l’OTAN et en particulier la France peuvent s’enorgueillir d’en être les maîtres d’œuvre constitue probablement la plus grande menace sur la sécurité de notre pays ; en dépit de la vigilance de notre armée, il est illusoire de penser que le chaos qui risque de s’installer chez nos voisins n’aura pas de conséquences graves en termes d’infiltrations d’armes et d’individus indésirables. Voilà, au moins, une excellente raison de peser au trébuchet les déclarations officielles de la Tunisie concernant la Libye et d’éviter les coups de gueule inconsidérés. Pour la énième fois, Moncef Marzouki, se sera distingué par une prise de position précipitée en fustigeant un prétendu coup d’État en Libye. Son indéfectible complice, le parti Ennahdah, s’est associé à ce concert de lamentations sur la légalité en péril dans ce pays frère ce qui, au passage, ne laissera pas d’éveiller les soupçons de toute personne pourvue d’un minimum de bon sens. En soulevant le couvercle du chaudron libyen, on s’aperçoit que le Général Haftar n’est pas aussi infréquentable que le soutient notre président provisoire puisqu’il se propose de nettoyer son pays de cette gangrène islamiste qui s’est répandue dans la plupart des régions du Monde arabe. La thérapie musclée appliquée à ce mal en Égypte par le Général Sissi en a stoppé la progression mais gare à tout relâchement : cette semaine, deux valeureux soldats tunisiens ont ajouté leurs noms à la longue liste des martyrs de l’extrémisme montrant ainsi que l’hydre islamiste est loin d’être terrassée. En Libye, les milices islamistes formées d’anciens d’Afghanistan ou de Bosnie ont trouvé une terre promise où l’absence d’institutions solides favorise l’instauration de l’État islamique tant chéri. Quand on sait que des centaines de soldats libyens ont été froidement éliminés par les islamistes, on se dit que le Général Haftar ne doit pas être un si mauvais bougre et ne mérite sûrement pas d’être traité de putschiste. Plus les jours passent, plus le peuple libyen semble lui apporter son soutien, ce qui devrait nous incliner à la plus grande prudence quant à la qualification des faits qui se déroulent dans ce pays. Notre diplomatie à deux têtes, propice à tous les cafouillages et pataquès inimaginables, risque de nous réserver d’autres déconvenues d’autant moins souhaitables que les ardoises syrienne et égyptienne sont loin d’être effacées.
Ce qui se passe à Nidaa Tounes est propre à toute structure naissante à croissance forte et au futur prometteur ; toutes sortes d’opportunistes et de demi-portions s’y pressent pour y arracher un fauteuil ou, à défaut, un strapontin. Les appétits s’aiguisant et les échéances s’approchant, le goût de la rébellion gagne du terrain et l’impatience de certains déborde de toutes parts au risque de faire chavirer le navire tout entier. Le pari initial de Me Béji Caïed Essebsi d’unir les contraires, autrement dit, de marier la carpe et le lapin était audacieux même si le chemin parcouru jusqu’ici prouve la justesse de son ambition. Depuis Brutus, Il y a toujours un moment où la tentation du parricide pointe du nez quitte à s’en prendre d’abord au fils. En criminologie, on appelle cela un alibi, en langue châtiée, un prétexte fallacieux.
Finalement, le pèlerinage de la « Ghriba » s’est plutôt bien passé. Somme toute, après la grotesque motion de censure contre Karboul et Sfar à l’ANC et surtout les coups de poignard assenés à ce pauvre Maurice Bchiri, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. En effet, un mois avant la fête de la « Ghriba », ce commerçant juif de Hara Kebira a échappé de justesse à la mort que lui promettait un islamiste chauffé à blanc par la propagande antisémite qui a fleuri durant le maudit règne de la Troïka. On a eu beau minimiser l’agression et l’attribuer, une fois de plus, à un dément, le mal a été fait et l’information est parvenue aux oreilles de nombreux candidats au pèlerinage jerbien. Quand on flétrissait ceux qui criaient « mort aux Juifs » à l’aéroport de Carthage, nous étions persuadés, qu’un jour, un de ces débiles congénitaux joindrait le geste à la parole…
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