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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le:
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    Le ourbier libyen dont l’OTAN et en particulier la France peuvent s’enorgueillir d’en être les maîtres d’œuvre constitue probablement la plus grande menace sur la sécurité de notre pays ; en dépit de la vigilance de notre armée, il est illusoire de penser que le chaos qui risque de s’installer chez nos voisins n’aura pas de conséquences graves en termes d’infiltrations d’armes et d’individus indésirables. Voilà, au moins, une excellente raison de peser au trébuchet les déclarations officielles de la Tunisie concernant la Libye et d’éviter les coups de gueule inconsidérés. Pour la énième fois, Moncef Marzouki, se sera distingué par une prise de position précipitée en fustigeant un prétendu coup d’État en Libye. Son indéfectible complice, le parti Ennahdah, s’est associé à ce concert de lamentations sur la légalité en péril dans ce pays frère ce qui, au passage, ne laissera pas d’éveiller les soupçons de toute personne pourvue d’un minimum de bon sens. En soulevant le couvercle du chaudron libyen, on s’aperçoit que le Général Haftar n’est pas aussi infréquentable que le soutient notre président provisoire puisqu’il se propose de nettoyer son pays de cette gangrène islamiste qui s’est répandue dans la plupart des régions du Monde arabe. La thérapie musclée appliquée à ce mal en Égypte par le Général Sissi en a stoppé la progression mais gare à tout relâchement : cette semaine, deux valeureux soldats tunisiens ont ajouté leurs noms à la longue liste des martyrs de l’extrémisme montrant ainsi que l’hydre islamiste est loin d’être terrassée. En Libye, les milices islamistes formées d’anciens d’Afghanistan ou de Bosnie ont trouvé une terre promise où l’absence d’institutions solides favorise l’instauration de l’État islamique tant chéri. Quand on sait que des centaines de soldats libyens ont été froidement éliminés par les islamistes, on se dit que le Général Haftar ne doit pas être un si mauvais bougre et ne mérite sûrement pas d’être traité de putschiste. Plus les jours passent, plus le peuple libyen semble lui apporter son soutien, ce qui devrait nous incliner à la plus grande prudence quant à la qualification des faits qui se déroulent dans ce pays. Notre diplomatie à deux têtes, propice à tous les cafouillages et pataquès inimaginables, risque de nous réserver d’autres déconvenues d’autant moins souhaitables que les ardoises syrienne et égyptienne sont loin d’être effacées.

    Ce qui se passe à Nidaa Tounes est propre à toute structure naissante à croissance forte et au futur prometteur ; toutes sortes d’opportunistes et de demi-portions s’y pressent pour y arracher un fauteuil ou, à défaut, un strapontin. Les appétits s’aiguisant et les échéances s’approchant, le goût de la rébellion gagne du terrain et l’impatience de certains déborde de toutes parts au risque de faire chavirer le navire tout entier. Le pari initial de Me Béji Caïed Essebsi  d’unir les contraires, autrement dit, de marier la carpe et le lapin était audacieux même si le chemin parcouru jusqu’ici prouve la justesse de son ambition. Depuis Brutus, Il y a toujours un moment où la tentation du parricide pointe du nez quitte à s’en prendre d’abord au fils. En criminologie, on appelle cela un alibi, en langue châtiée, un prétexte fallacieux. 
    Finalement, le pèlerinage de la « Ghriba » s’est plutôt bien passé. Somme toute, après la grotesque motion de censure contre Karboul et Sfar à l’ANC et surtout les coups de poignard assenés à ce pauvre Maurice Bchiri, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. En effet, un mois avant la fête de la « Ghriba », ce commerçant juif de Hara Kebira a échappé de justesse à la mort que lui promettait un islamiste chauffé à blanc par la propagande antisémite qui a fleuri durant le maudit règne de la Troïka. On a eu beau minimiser l’agression et l’attribuer, une fois de plus, à un dément, le mal a été fait et l’information est parvenue aux oreilles de nombreux candidats au pèlerinage jerbien. Quand on flétrissait ceux qui criaient « mort aux Juifs » à l’aéroport de Carthage, nous étions persuadés, qu’un jour, un de ces débiles congénitaux joindrait le geste à la parole…

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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le:
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    En dépit de mes penchants démocratiques, j’ai du mal à considérer les succès électoraux de Bachar El Assad et d’Al Sissi comme de mauvaises nouvelles ; en effet, il faudrait être d’une mauvaise foi insigne pour ne pas admettre que sans Bachar la Syrie se serait transformée en une forteresse du terrorisme islamiste. Où seraient les Chrétiens syriens si Qaïda et  Ansar Al Charia n’avaient pas trouvé sur leur chemin un dur à cuire comme Assad ? C’est pourquoi qualifier les élections syriennes de  mascarade est hâtif et ne tient pas compte de la hantise d’une majorité de Syriens de voir le pays livré à des bêtes sanguinaires. Quant au plébiscite d’Al Sissi en Égypte, j’y vois essentiellement un camouflet définitif au projet islamiste dans le Monde arabe. Une fois l’euphorie révolutionnaire tombée, le Printemps arabe est apparu clairement comme une machination diabolique destinée à placer notre région sous la coupe de rétrogrades prêts à nous ramener aux premiers siècles de l’Hégire. En éventant ce funeste projet dans la plus grande nation arabe, le Caudillo égyptien a rendu un inestimable service à tous les peuples arabes y compris le nôtre ; ce n’est pas l’avis du député Issam Chebbi qui jure qu’il ne félicitera pas Al Sissi mais que l’on tient, néanmoins, à rassurer : l’Égypte s’en remettra…
    La disparition récente d’un héros a été l’occasion de vérifier l’étendue du sens patriotique national. L’enterrement du Colonel Nourredine Boujellabia n’a drainé que quelques dizaines de personnes alors que  ce dernier aurait amplement mérité des obsèques officielles  eu égard aux services rendus à son pays. Pour ceux qui ont la mémoire courte ou qui ignorent l’histoire de la Tunisie, le Colonel Boujallabia fut un véritable héros de la bataille de Bizerte en 1961 ; en qualité de Commandant opérationnel de la ville de Bizerte, il s’illustra par son courage et sa vaillance en compagnie de jeunes officiers tels que Ammar Khriji, Abdelhamid Echeikh et tant d’autres ; il aurait pu, cent fois, tomber, comme le commandant Béjaoui, sur le champs d’honneur à Bizerte, mais il s’en tira avec une blessure occasionnée par un éclat d’obus. Ne serait-ce que pour ses faits d’armes, sans parler de sa brillante carrière militaire et civile, le Colonel Boujellabia méritait hommage solennel de la part du ministère de la Défense : la présence du ministre ou du chef d’État major au cimetière Sidi Abdelaziz, l’hymne national et une oraison funèbre auraient représenté le minimum syndical pour un authentique héros. Pas un seul képi, pas un seul gradé n’était visible le jour de son enterrement ; seuls quelques compagnons à la retraite et une poignée de personnalités nationales ont sauvé l’honneur. Il était difficile devant tant d’ingratitude de ne pas ressentir un sentiment de honte et d’amertume. On aurait pu naïvement penser que la menace terroriste et le sang versé à Chaambi et à Kasserine fouetteraient le sentiment national et nous conduiraient à honorer nos héros avec plus de ferveur ; que nenni, il faut visiblement bien plus pour que l’on prenne la peine de se recueillir sur la tombe de ceux qui se sont sacrifiés pour la Tunisie. S’il s’était agi de l’enterrement d’une danseuse de ventre ou d’un vendeur de fricassées, je prends le pari que le cimetière aurait été bondé de monde et que leur disparition aurait fait autant de bruit que celle d’un héros de la bataille de Bizerte. Quand on voit la sollicitude des grands de ce monde pour les héros du débarquement du 6 juin 1944 et la pompe avec laquelle leur héroïsme fut célébré ces jours-ci, on se dit que notre déficit patriotique est bien plus dramatique que celui de notre budget.

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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Lundi, 16 Décembre, 2013

    Il est heureux de constater que la présidence de la République n’est pas seulement peuplée de revanchards et de bras cassés mais également d’hommes de grande valeur tels que Aziz Krichene ; en qualifiant le « Livre noir » de grosse erreur politique, nonobstant son statut de conseiller à la Présidence, il prouve qu’avoir le courage de ses convictions a encore un sens dans ce pays. On aurait tant souhaité qu’il joigne le geste à la parole en jetant sa démission à la figure de son employeur.
     
    Cela n’aurait pas manqué de panache surtout si le Conseiller Krichene souhaite se dissocier du naufrage moral dans lequel s’enfonce l’institution à laquelle il continue d’appartenir. Je reste profondément persuadé qu’aucun « honnête homme » au sens du « siècle des lumières » ne peut tolérer que l’honneur de centaines de personnes, et derrière eux autant de familles, soit jeté en pâture sans preuves et avant même qu’ils puissent répondre aux accusations contenues dans cette souillure qu’on désigne pompeusement « le livre noir ».
     
    Autre circonstance aggravante : en feuilletant cette repoussante serpillière littéraire, on se rend vite compte que ses auteurs ont pris soin de l’expurger de tous leurs amis et bienfaiteurs mouillés jusqu’à la moelle avec l’ancien régime ; la transparence a des limites que nos obscurs scribouillards se gardent bien de transgresser.
     
    Au lieu de traquer le petit journaliste pris en flagrant délit de cirage des pompes de Ben Ali ou de dresser la liste de ses thuriféraires, la présidence de la République se serait grandie en s’attaquant aux véritables scandales de l’ère passée comme ceux  liés à l’activité de la CAREPP ou de la Commission supérieure des marchés ; les enjeux et la taille des abus commis au sein de ses instances sont, à coup sûr,  infiniment plus importants que ceux avec lesquels on cherche à distraire notre attention.  De fait, mon principal reproche au «torchon noir» est de nous prendre pour des tarés congénitaux auxquels on peut tout faire gober.
     
    Il n’aura pas fallu à l’Égypte plus de 4 mois pour se doter d’une nouvelle constitution ; rien qu’en cela le scénario égyptien a de quoi nous séduire ; en effet, après plus de deux ans, nos laborieux élus n’ont été capables que de nous pondre un brouillon en se gardant bien de prendre le moindre engagement quant à la remise de la copie finale. Pourtant, la République s’est jusqu’ici montrée généreuse en tirant la plupart d’entre eux de l’anonymat et en leur servant de grasses rémunérations.
     
    En retour, nous pouvions espérer une productivité accrue et plus de cœur à l’ouvrage. Il est vrai que les statistiques sont contre nous : seuls 5% des Tunisiens aiment leur travail, un taux qui doit se vérifier dans l’hémicycle de tire-au-flanc qui ont émergé des urnes. A leur décharge, reconnaissons que nos partis ne font pas mieux : en 5 mois, ils n’ont pas su s’accorder sur le nom d’un chef du gouvernement et rien ne permet d’affirmer qu’ils y parviennent un jour. Il n’y a donc pas que dans nos usines que la productivité baisse puisque, de toute évidence, toutes les forces vives de ce pays participent à cet effort d’affaissement général. La prolifération des cafés et la disparition symétrique des librairies laissent entrevoir le brillant avenir qui nous attend ; à cet égard, la Constitution ayant pour vocation de traduire les aspirations de notre peuple, il faudrait sérieusement songer à y inscrire le «  droit à la paresse intellectuelle ».

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Vendredi, 29 Novembre, 2013

    Les Libyens disent merci à qui ? Merci Sarkozy. Grâce à sa formidable intervention militaire, leur pays est en passe de devenir une seconde Somalie. Entre un despote excentrique et le chaos, on peut comprendre que les Libyens soient, aujourd’hui, saisis d’un léger doute. Je suis de ceux qui ont exprimé rapidement des réserves sur une intervention militaire voulue par un philosophe pro-sioniste à chemise blanche ; allez savoir pourquoi j’ai toujours eu du mal à voir en Bernard-Henry Lévy un libérateur des peuples arabes ; sa cécité intégrale face au sort infligé, depuis 1948, par ses amis israéliens au peuple palestinien y est sûrement pour quelque chose. Une chose est certaine : Le bourbier qu’a installé Sarkozy à nos frontières risque de peser durablement sur la stabilité d’une Tunisie déjà en proie au « démon numide ». Alors que nous comptions sur une Libye prospère et paisible pour renforcer notre coopération économique et trouver un exutoire à nos sans-emplois, nous voilà aux prises avec un État à la dérive, exportateur net de désordre et de tensions.
     
    Pourquoi s’étonner que des sangliers se promènent dans les quartiers de la capitale quand on sait qu’elle ressemble de plus en plus à une « porcherie ». Les immondices qui s’entassent à chaque coin de rue font tellement partie de notre décor quotidien qu’une sorte de résignation nous gagne peu à peu. Dans dix ans, quand on demandera à un Tunisien quel souvenir garde-t-il de la Révolution, il se peut qu’il réponde : la cherté et la saleté. Peut-on, pour autant, nier que la liberté et la dignité ont triomphé ? Je ne suis pas sûr que pour le chômeur de Kasserine, qui n’a eu jusqu’ici que la liberté de vivre dignement sa misère, le moindre soupçon de triomphe soit perceptible. Si cela peut consoler l’infortuné chômeur de Kasserine, j’aimerais souligner que même pour l’avocat aisé de Tunis, les progrès de la liberté et de la dignité ne sautent pas aux yeux ; quand pour un simple différend avec un gardien de parking, un défenseur de la veuve et de l’orphelin se retrouve, pendant quatre jours, sous le coup d’une garde à vue dégradante dans la caserne de Bouchoucha et quand les règles élémentaires relatives aux poursuites pénales contre un avocat sont bafouées au vu et au su du Parquet, il faut beaucoup de culot pour parler d’avancée de l’État de Droit. Soyons équitables, pour l’instant, le bilan de la Révolution n’est que catastrophique ; notre espoir : qu’il ne devienne pas apocalyptique.
     
    Au lieu de clore cette fichue Constitution, on n’a pas trouvé mieux que d’exhumer un cadavre en putréfaction avancée ; en effet, les « Habous » ont été ensevelis au lendemain de  l’Indépendance par Bourguiba en raison de leur inadaptation à l’économie moderne. Cette institution inspirée de la « Charia » a joué un rôle utile durant des siècles notamment dans l’entretien des « médersas » et des mosquées. La lourdeur de la gestion des biens « awkaf » et la prévarication des « wakils » chargés de les administrer en ont  révélés depuis longtemps les limites. Un ouvrage fort instructif d’un universitaire tunisien, Dr. Chibani Benbelghith, consacré à la situation des « Habous »  en Tunisie entre le milieu du 19e siècle et 1914, met en évidence la décomposition de ce régime et la crise dans laquelle se débattait l’institution qui en était en charge « Jamiat el Awkaf ». Sa lecture pourrait faire réfléchir les initiateurs de la résurgence d’une institution surannée et anachronique. A moins que le but inavoué soit de réintroduire, par touches successives, la « Charia » et ses figures emblématiques ; à ce train là, pourquoi pas instaurer aussi la « Jizya » ?  Rappelons qu’il s’agit d’un impôt de capitation qui pèse sur les non-musulmans, les « Dhimmis »,  en terre d’Islam. Evidemment, l’inconvénient majeur de notre soudaine nostalgie pour la  fiscalité de nos ancêtres serait d’annuler les retombées espérées du nouveau code des investissements ; on voit mal, en effet, des investisseurs, pour la plupart  « Dhimmis »,  être attirés par un pays qui remet au goût du jour certaines pratiques discriminatoires de la « Charia ». Ce n’est pas avec cela qu’on risque de charrier de la croissance…

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
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    Dimanche, 17 Novembre, 2013

    Le dialogue national est en panne, provisoirement nous rassure-t-on ; pour les simples mortels que nous sommes, ce ballet de visages sentencieux, ce carnaval des vanités, cette nuée de garde-corps collant aux basques de nos « huiles nationales », et toute cette agitation fiévreuse ne pouvaient que déboucher sur un accord. C’était sans compter sur l’intransigeance des uns et sur l’inconscience des autres. On a parfois l’impression d’avoir affaire à des personnes de religions et de cultures différentes tant leurs divergences paraissent irréductibles. Pour sortir de l’impasse, une idée a jailli dans mon esprit : dépaysons le dialogue national ce qui signifie, en termes moins savants, organisons-le en terre étrangère. Mais où me diriez-vous ? Je propose Assise en Italie. En effet, cette cité médiévale, berceau de Saint-François, est devenue depuis plus d’une vingtaine d’années le lieu privilégié du dialogue interreligieux ; des religieux de toutes les confessions s’y pressent pour y célébrer un œcuménisme de bon aloi. Je suis convaincu que l’air vivifiant de cette cité prestigieuse et surtout l’esprit de Saint-François ne pourront que fouetter le sens du dialogue qui a fait cruellement défaut à Tunis ; Sidi Mehrez et Sidi Belhassen n’ayant pas suffi, il se peut que placer le dialogue sous les auspices de Saint-François mène à un heureux épilogue. Si l’on rapporte le coût en devises de cette virée aux bienfaits qu’on peut en escompter, on se rendrait compte qu’elle n’est pas si onéreuse que cela ; du reste, il n’est pas à exclure que le Vatican, sponsor des rencontres œcuméniques d’Assise, dans un grand élan de générosité chrétienne, accepte de prendre en charge le gîte et le couvert de nos chers compatriotes.    
     
    La dernière prestation du sous-ministre, Houcine Jaziri, sur Hannibal TV avait quelque chose d’irréel ; je ne m’attarderai pas sur l’air triomphant et le sourire en coin qui ne l’ont pas quitté durant toute l’émission pour me  concentrer sur ses propos. Selon lui, la situation ne serait pas aussi catastrophique que les cassandres de l’opposition le clament  et d’ajouter que le gouvernement a fait un travail honorable et n’a pas démérité malgré tous les crocs en jambe qu’il a dû subir. Je comprends, maintenant, pourquoi Sieur Jaziri est en charge de l’émigration dans le gouvernement : il ne vit pas en Tunisie et il est resté, quelque part, un émigré. Cela n’a évidemment rien de déshonorant mais ne facilite pas, compte tenu de la distance, une bonne appréhension de la situation locale. De loin, monsieur Jaziri a du mal à entendre la colère qui gronde et voit encore moins l’état de détresse de ses concitoyens. Dans son exercice d’autosatisfaction, notre sous-ministre n’a pas oublié de procéder à une généreuse distribution de bons points et de cartons rouges. Tous ceux qui s’inclinent devant les réalisations de la Troïka sont primés ; en revanche, ceux qui en soulignent les échecs sont vilipendés. Ses allégations relatives à Me Mokhtar Trifi sont la parfaite illustration de cet axiome : pour avoir, dans une conférence de presse, dénoncé les incongruités et les bizarreries de l’enquête sur l’assassinat des martyrs Belaïd et Brahmi, Me Trifi est taxé de légèreté et d’inconséquence par le maître d’école Jaziri ; ce dernier ira jusqu’à l’accuser  d’avoir faibli devant Ben Ali avant le 14 janvier 2011. Seuls l’éloignement de Houcine Jaziri des réalités tunisiennes et  la distorsion auditive et visuelle qui en résulte peuvent  expliquer l’inanité de tels propos : s’il y a bien quelque chose que personne ne conteste à mon confrère Mokhtar Trifi c’est bien son entêtement et sa détermination face à Ben Ali. On se rehausse rarement en essayant de rabaisser son prochain, à plus forte raison, en convoquant la  calomnie…    

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Samedi, 16 Novembre, 2013

    Et ce qui devait advenir, advint ; deux ans de laxisme et d’incurie ne pouvaient que paver la voie au terrorisme aveugle. Quand des fanatiques prennent d’assaut nos universités, nos mosquées et nos rues ; quand des fonctionnaires et des députés ne sont pas inquiétés lorsqu’ils appellent au meurtre d’opposants ; quand des officines agissent en toute impunité pour recruter de jeunes égarés pour le djihad en Syrie ; quand nos frontières deviennent des passoires et que le trafic d’armes se répand à travers le pays ; quand l’État démissionne et nous laisse seuls face à des fous dangereux, comment s’étonner que des kamikazes sillonnent nos zones touristiques pour y moissonner des innocents. Tout ce que la Tunisie compte d’esprits éclairés et de politiques responsables s’égosille vainement depuis deux ans pour réclamer au gouvernement une attitude ferme et sans équivoque face à la dérive islamiste ; l’unique réponse fut tantôt le mépris tantôt le sarcasme. Ceux qui imaginent, un seul instant, qu’ils se soustrairont à une reddition des comptes se méprennent gravement sur la qualité de la mémoire des Tunisiens ; rien ne sera oublié, rien ne sera pardonné et sûrement pas le sang des victimes de la complaisance à l’égard d’assassins.
     
    Entendre cette jeune touriste raconter qu’elle se détendait sous un parasol lorsqu’elle a vu une jambe tomber près d’elle a dû représenter un véritable supplice pour tout Tunisien qui aime son pays ; les commanditaires de l’attentat kamikaze de Sousse ont bien compris que frapper notre tourisme est le meilleur moyen de mettre le pays à genoux ; il faut dire qu’avant que ce pauvre malade ne se fasse exploser sur une plage touristique, ses « cousins » y organisaient de grands rassemblements religieux où drapeaux noirs et longues barbes tenaient la vedette. Le ministre du Tourisme, l’inégalable Gamra, ne s’en était pas véritablement ému jugeant ces démonstrations publiques de ferveur religieuse sans impact sur ce secteur vital de notre économie ; j’espère, cette fois-ci, qu’il ne considérera pas que le vol plané d’une jambe sur une plage fréquentée par des touristes sera sans incidence. En tout cas, si ledit ministre cherche un slogan pour la prochaine saison touristique, il l’a trouvé : «  Cette année, viens prendre ton pied en Tunisie ».
     
    Il y a des lapsus qui, lorsqu’ils se répètent, en deviennent révélateurs. Après le bâtonnier Ben Moussa, c’est au tour de Me Nejib Chebbi de qualifier le dialogue en cours « d’âne national » ; Une langue peut fourcher même lorsqu’elle appartient à une éminente personnalité et nul ne songe à lui en tenir rigueur. Ceci dit, un regard lucide sur les résultats atteints par le « dialogue national » pourrait aisément nous faire « ânonner » notre mécontentement et estimer que l’on nous prend pour des « bourriques ». En effet, que les grands partis ne parviennent à se mettre d’accord sur le nom du futur chef de gouvernement alors que le pays est au bord du précipice est à vous dégoûter à vie de la démocratie. Que leur faut-il de plus que des kamikazes qui gambadent sur nos plages pour mettre leurs calculs étroits de côté ? Faudra-t-il qu’un carnage se produise pour que la notion d’intérêt national se fraye un chemin dans leurs « caboches » ? J’ai bien peur que si nos brillants politiciens continuent à se chamailler sur le sexe des anges alors que le pays agonise, ils envieront bientôt le sort des bourricots.

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Vendredi, 13 Septembre, 2013

    Nonobstant les airs vexés et les grimaces de certains, la rencontre entre Ghanouchi et Caïd Essebsi est une bonne nouvelle pour tous ceux qui pensent que le compromis est le plus court chemin pour sortir de l’impasse politique ; les guerres de tranchées et les appels à la désobéissance civile ne peuvent qu’enfoncer un peu plus le pays dans « la mélasse » et exacerber les affrontements partisans. En cela, l’apaisement prôné par les leaders des deux principales forces politiques, relayé, immédiatement, par leurs lieutenants respectifs doit être salué. Le premier bénéfice tangible dudit rapprochement est l’enterrement du projet de loi sur « l’immunisation de la Révolution » aux termes de laquelle de grands malades planifiaient la «Mort civile» de milliers de leurs concitoyens. A l’instigation de Saint-Just au petit pied, cette loi scélérate consacre, en fait, le châtiment collectif et la présomption de culpabilité ; elle présente, en outre, pour ses promoteurs l’avantage d’écarter de la scène politique des concurrents gênants. On imagine aisément le dépit du parti « Wafa », dissidence groupusculaire du CPR, et de son gourou Abderaouf Ayadi qui avaient fait de la loi sur l’immunisation leur cheval de bataille et, pour ainsi dire, leur unique fonds de commerce ; en matière de baux commerciaux, la privation de son fonds de commerce ouvre droit pour son titulaire à une indemnité dite d’éviction ; c’est pourquoi, je propose, au titre de ce droit à la réparation, qu’une quête nationale soit organisée au profit du parti « Wafa » pour l’acquisition de mouchoirs 100% coton et, pour les cas les plus graves, de séjours en maison de repos.   
     
    Depuis presque deux ans, le danger extrémiste qui menace la Tunisie saute aux yeux de tous sauf à ceux du gouvernement. Il en devient presque lassant de dresser l’inventaire du laxisme voire de la complaisance de ceux qui sont en charge de notre sécurité : le diktat salafiste et la bannière nationale foulée à l’Université de la Manouba, les agressions répétées contre des intellectuels, les mosquées sous la coupe de fanatiques, l’ambassade US  attaquée en plein jour, et pour finir les exécutions ciblées de personnalités politiques. Il aura fallu que le sang de nos soldats martyrs éclabousse les costumes bien taillés de nos responsables gouvernementaux pour qu’ils sortent de leur léthargie et se décident à agir. Après la sécheresse, c’est un déluge d’informations à grand renfort de conférences de presse et de déclarations gouvernementales ; les inoffensives brebis et les enfants chéris d’antan sont les dangereux prédateurs d’aujourd’hui, les paisibles sportifs du Chaambi sont désormais des terroristes sanguinaires qu’il faut écraser sous les bombes de notre aviation. Le réveil est brutal et, espérons-le, pas trop tardif ; il pose, inévitablement la question de la responsabilité morale, politique voire pénale  de ceux qui ont laissé ce fléau s’insinuer dans nos villes et dans nos campagnes. De la calamiteuse loi d’amnistie générale de « la paire Mbâzaa-Ghannouchi », si pressée d’enfouir 20 ans de compromissions «Zabaliennes» au congédiement de compétences sécuritaires par l’insignifiant Rajhi, et enfin des liaisons dangereuses du Pouvoir avec des groupes aussi douteux qu’Ansar Charia,  il n’est pas difficile d’identifier les  coupables du formidable  cadeau fait aux terroristes. Ceux qui ont bradé la sécurité de notre pays pour un sauf-conduit ou par affinités idéologiques devront, tôt ou tard,  payer le prix de leur félonie sans espoir d’une remise. 
     
    Pour qualifier l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, l’administration américaine, par la voix de son Secrétaire d’État, a utilisé  le terme « d’obscénité morale ». Face aux images déchirantes de ces centaines de victimes innocentes, le terme n’est pas assez fort. Du reste, en matière d’obscénité morale, il faut faire confiance à l’Oncle Sam et ne pas remettre en cause sa maîtrise dudit concept. Sans remonter à l’extermination des tribus indiennes ni à l’épopée esclavagiste, on peut raisonnablement considérer qu’Hiroshima, la Guerre du Vietnam, et l’invasion de l’Irak comme des échantillons représentatifs de « l’obscénité morale ». L’inconvénient  du recours à la morale et au sentiment chaud et cordial réside dans le fait qu’on doit, préalablement, s’assurer d’avoir la conscience légère et, de préférence, un passé sans taches ; or, en l’espèce, l’administration américaine, n’est pas, le moins qu’on puisse dire, bien lotie. Quand John Kerry n’hésitera plus à qualifier le sort réservé aux Palestiniens par l’État hébreu depuis 1948 « d’obscénité morale », nous serons prêts à tendre l’oreille à son prêchi-prêcha et même à trouver à ses accents d’évangélisateur une certaine musicalité…  
     

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Mercredi, 28 Août, 2013

    La multinationale,  les «Bouchers réunis »,  qui s’est installée, dans les années 90, en Algérie étend, depuis, ses ramifications dans l’ensemble du Monde arabe ; après avoir réalisé dans ledit pays des chiffres impressionnants en termes d’abattage grâce au savoir-faire de ses bouchers barbus, la compagnie a jeté son dévolu sur l’Irak. La diversité confessionnelle de la clientèle et les appétits de vengeance expliquent le développement exponentiel de l’activité des « Bouchers réunis » dans un pays rebaptisé celui des deux fleuves de sang ; évidemment,  l’abondance de l’offre a eu tendance à faire baisser les cours de la matière première irakienne si bien que la multinationale s’est empressée de s’implanter sur d’autres marchés arabes. Celui syrien est en train de dépasser toutes les prévisions : en deux ans, il a dépassé les performances réalisées dans les abattoirs algériens durant une décennie. Il faut dire que les « Bouchers réunis » n’ont pas lésiné sur le recrutement ; désormais, ils ne se contentent pas d’employer le boucher local mais font, également, appel à des commis-bouchers provenant des quatre coins du monde. Fort de ces succès, la grande firme de boucherie lorgne de plus en plus sur le marché égyptien où elle peut compter sur des VRP dynamiques comme « les Frères musulmans » pour aider à son essor ; à Rabaa Adaouia, les efforts de ces commerciaux zélés ont particulièrement payé ; néanmoins, le récent retrait du permis de travail de la confrérie  islamiste pourrait compromettre l’avenir des « Bouchers réunis » en terre égyptienne. Les petits marchés tels que la Tunisie ou le Liban ne sont pas totalement absents des calculs de la multinationale agroalimentaire  car la chair « Halâl » y est également prisée sans compter qu’on trouve sur place des représentants de commerce assez motivés. Le Conseil d’administration des « Bouchers réunis » composé d’investisseurs israéliens, américains et de quelques « vendus arabes » a de quoi se réjouir : la demande est en hausse et le sang arabe a la cote. Si, un jour, l’or noir venait à nous manquer, il y aurait toujours l’or rouge… écarlate pour le remplacer.
     
    La violence verbale ou matérielle est condamnable quelque en soit la victime ou les motivations ; les agressions qui ont visé,  en moins d’une semaine, deux ministres en exercice, Mohamed Ben Salem et Mehdi Mabrouk, dénotent d’un affaissement moral généralisé et d’un dévoiement de la notion de liberté. En tant que citoyens tunisiens, les deux responsables  ont droit au respect de leur intégrité physique et morale et toute atteinte à celle-ci expose, naturellement, son auteur à des poursuites pénales. En tant que représentants de l’État, l’atteinte à leurs personnes prend forcément une connotation symbolique : en cherchant à les humilier, c’est l’État qu’on veut rabaisser. Depuis un certain 14 janvier 2011, l’atteinte au prestige de l’État est devenue un sport national au risque de plonger le pays dans l’anarchie la plus complète : des hauts fonctionnaires sont insultés, les locaux publics sont saccagés et même les policiers peinent à se faire respecter et sont régulièrement pris à partie en pleine rue par des énergumènes. Un ministre de la République n’a pas un caractère sacré mais est en droit, au moins le temps de son mandat,  de prétendre à un minimum de déférence ; dans toutes les nations civilisées, les ministres ne sont pas importunés durant leurs vacances par une meute de demeurés  et n’essuient pas des jets de projectiles à chaque conférence. Il est inexplicable que des individus se croient autorisés à exercer  des voies de fait à l’égard de représentants de l’autorité publique alors que la liberté de critiquer ceux-ci tant sur les réseaux sociaux que sur les médias est quasi-totale. Quiconque a, aujourd’hui,  la possibilité de tremper sa plume dans le vitriol et de descendre en flammes les actions d’un ministre ; il n’y a pas si longtemps, une telle audace aurait été inconcevable et aurait valu à son auteur un séjour carcéral prolongé. Cette période étant à jamais révolue, les comportements violents envers un ministre ou tout autre dépositaire de la puissance publique n’ont plus raison d’être et ne servent qu’à favoriser l’incivisme et le « voyourisme » qui menacent notre société et tout l’édifice étatique. J’estime, à cet égard, les témoignages de solidarité de certains membres de l’opposition envers les personnes impliquées dans l’agression contre le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, comme déplacés. Demain, ce sera peut-être à leur tour d’incarner l’État et d’être visés en public par un projectile. Ce jour-là, qu’ils ne demandent à aucun d’entre-nous d’esquisser la moindre condamnation…

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