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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le:
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    Le ourbier libyen dont l’OTAN et en particulier la France peuvent s’enorgueillir d’en être les maîtres d’œuvre constitue probablement la plus grande menace sur la sécurité de notre pays ; en dépit de la vigilance de notre armée, il est illusoire de penser que le chaos qui risque de s’installer chez nos voisins n’aura pas de conséquences graves en termes d’infiltrations d’armes et d’individus indésirables. Voilà, au moins, une excellente raison de peser au trébuchet les déclarations officielles de la Tunisie concernant la Libye et d’éviter les coups de gueule inconsidérés. Pour la énième fois, Moncef Marzouki, se sera distingué par une prise de position précipitée en fustigeant un prétendu coup d’État en Libye. Son indéfectible complice, le parti Ennahdah, s’est associé à ce concert de lamentations sur la légalité en péril dans ce pays frère ce qui, au passage, ne laissera pas d’éveiller les soupçons de toute personne pourvue d’un minimum de bon sens. En soulevant le couvercle du chaudron libyen, on s’aperçoit que le Général Haftar n’est pas aussi infréquentable que le soutient notre président provisoire puisqu’il se propose de nettoyer son pays de cette gangrène islamiste qui s’est répandue dans la plupart des régions du Monde arabe. La thérapie musclée appliquée à ce mal en Égypte par le Général Sissi en a stoppé la progression mais gare à tout relâchement : cette semaine, deux valeureux soldats tunisiens ont ajouté leurs noms à la longue liste des martyrs de l’extrémisme montrant ainsi que l’hydre islamiste est loin d’être terrassée. En Libye, les milices islamistes formées d’anciens d’Afghanistan ou de Bosnie ont trouvé une terre promise où l’absence d’institutions solides favorise l’instauration de l’État islamique tant chéri. Quand on sait que des centaines de soldats libyens ont été froidement éliminés par les islamistes, on se dit que le Général Haftar ne doit pas être un si mauvais bougre et ne mérite sûrement pas d’être traité de putschiste. Plus les jours passent, plus le peuple libyen semble lui apporter son soutien, ce qui devrait nous incliner à la plus grande prudence quant à la qualification des faits qui se déroulent dans ce pays. Notre diplomatie à deux têtes, propice à tous les cafouillages et pataquès inimaginables, risque de nous réserver d’autres déconvenues d’autant moins souhaitables que les ardoises syrienne et égyptienne sont loin d’être effacées.

    Ce qui se passe à Nidaa Tounes est propre à toute structure naissante à croissance forte et au futur prometteur ; toutes sortes d’opportunistes et de demi-portions s’y pressent pour y arracher un fauteuil ou, à défaut, un strapontin. Les appétits s’aiguisant et les échéances s’approchant, le goût de la rébellion gagne du terrain et l’impatience de certains déborde de toutes parts au risque de faire chavirer le navire tout entier. Le pari initial de Me Béji Caïed Essebsi  d’unir les contraires, autrement dit, de marier la carpe et le lapin était audacieux même si le chemin parcouru jusqu’ici prouve la justesse de son ambition. Depuis Brutus, Il y a toujours un moment où la tentation du parricide pointe du nez quitte à s’en prendre d’abord au fils. En criminologie, on appelle cela un alibi, en langue châtiée, un prétexte fallacieux. 
    Finalement, le pèlerinage de la « Ghriba » s’est plutôt bien passé. Somme toute, après la grotesque motion de censure contre Karboul et Sfar à l’ANC et surtout les coups de poignard assenés à ce pauvre Maurice Bchiri, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. En effet, un mois avant la fête de la « Ghriba », ce commerçant juif de Hara Kebira a échappé de justesse à la mort que lui promettait un islamiste chauffé à blanc par la propagande antisémite qui a fleuri durant le maudit règne de la Troïka. On a eu beau minimiser l’agression et l’attribuer, une fois de plus, à un dément, le mal a été fait et l’information est parvenue aux oreilles de nombreux candidats au pèlerinage jerbien. Quand on flétrissait ceux qui criaient « mort aux Juifs » à l’aéroport de Carthage, nous étions persuadés, qu’un jour, un de ces débiles congénitaux joindrait le geste à la parole…

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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
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    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    En dépit de mes penchants démocratiques, j’ai du mal à considérer les succès électoraux de Bachar El Assad et d’Al Sissi comme de mauvaises nouvelles ; en effet, il faudrait être d’une mauvaise foi insigne pour ne pas admettre que sans Bachar la Syrie se serait transformée en une forteresse du terrorisme islamiste. Où seraient les Chrétiens syriens si Qaïda et  Ansar Al Charia n’avaient pas trouvé sur leur chemin un dur à cuire comme Assad ? C’est pourquoi qualifier les élections syriennes de  mascarade est hâtif et ne tient pas compte de la hantise d’une majorité de Syriens de voir le pays livré à des bêtes sanguinaires. Quant au plébiscite d’Al Sissi en Égypte, j’y vois essentiellement un camouflet définitif au projet islamiste dans le Monde arabe. Une fois l’euphorie révolutionnaire tombée, le Printemps arabe est apparu clairement comme une machination diabolique destinée à placer notre région sous la coupe de rétrogrades prêts à nous ramener aux premiers siècles de l’Hégire. En éventant ce funeste projet dans la plus grande nation arabe, le Caudillo égyptien a rendu un inestimable service à tous les peuples arabes y compris le nôtre ; ce n’est pas l’avis du député Issam Chebbi qui jure qu’il ne félicitera pas Al Sissi mais que l’on tient, néanmoins, à rassurer : l’Égypte s’en remettra…
    La disparition récente d’un héros a été l’occasion de vérifier l’étendue du sens patriotique national. L’enterrement du Colonel Nourredine Boujellabia n’a drainé que quelques dizaines de personnes alors que  ce dernier aurait amplement mérité des obsèques officielles  eu égard aux services rendus à son pays. Pour ceux qui ont la mémoire courte ou qui ignorent l’histoire de la Tunisie, le Colonel Boujallabia fut un véritable héros de la bataille de Bizerte en 1961 ; en qualité de Commandant opérationnel de la ville de Bizerte, il s’illustra par son courage et sa vaillance en compagnie de jeunes officiers tels que Ammar Khriji, Abdelhamid Echeikh et tant d’autres ; il aurait pu, cent fois, tomber, comme le commandant Béjaoui, sur le champs d’honneur à Bizerte, mais il s’en tira avec une blessure occasionnée par un éclat d’obus. Ne serait-ce que pour ses faits d’armes, sans parler de sa brillante carrière militaire et civile, le Colonel Boujellabia méritait hommage solennel de la part du ministère de la Défense : la présence du ministre ou du chef d’État major au cimetière Sidi Abdelaziz, l’hymne national et une oraison funèbre auraient représenté le minimum syndical pour un authentique héros. Pas un seul képi, pas un seul gradé n’était visible le jour de son enterrement ; seuls quelques compagnons à la retraite et une poignée de personnalités nationales ont sauvé l’honneur. Il était difficile devant tant d’ingratitude de ne pas ressentir un sentiment de honte et d’amertume. On aurait pu naïvement penser que la menace terroriste et le sang versé à Chaambi et à Kasserine fouetteraient le sentiment national et nous conduiraient à honorer nos héros avec plus de ferveur ; que nenni, il faut visiblement bien plus pour que l’on prenne la peine de se recueillir sur la tombe de ceux qui se sont sacrifiés pour la Tunisie. S’il s’était agi de l’enterrement d’une danseuse de ventre ou d’un vendeur de fricassées, je prends le pari que le cimetière aurait été bondé de monde et que leur disparition aurait fait autant de bruit que celle d’un héros de la bataille de Bizerte. Quand on voit la sollicitude des grands de ce monde pour les héros du débarquement du 6 juin 1944 et la pompe avec laquelle leur héroïsme fut célébré ces jours-ci, on se dit que notre déficit patriotique est bien plus dramatique que celui de notre budget.

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    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    Dans le jargon militaire, le « tir ami » désigne les balles qui proviennent  de votre propre camp et qui visent, de préférence, le dos ; à l’évidence, la lettre ouverte adressée par Omar Shabou à Béji Caïd Essebsi relève de cette catégorie. En parcourant ce joyau de la littérature contemporaine, on découvre que son auteur, outre ses talents journalistiques universellement reconnus, possède de vastes connaissances en matière de gérontologie ; il est, en effet capable, sans hésiter, de fixer l’âge auquel un homme politique doit s’abstenir de postuler à la moindre responsabilité.
    Ainsi, pour Caïd Essebsi, après un minutieux examen clinique, le diagnostic de Dr.Shabou tombe comme un couperet : la présidentielle n’est pas faite pour lui en raison de son âge et de son état de santé. Inutile de chercher une base scientifique à cet avis péremptoire puisque notre Diafoirus* local s’en tient juste à une évocation de la fin de règne de Bourguiba et à quelques comparaisons fumeuses. On serait tenté de rappeler à ce médecin improvisé que celui qui a pu tirer le pays de l’ornière en 2011 et réussir les premières élections libres de son histoire est tout à fait capable d’assumer les charges de la magistrature suprême suivant la règle bien connue de « celui qui peut le plus peut le moins ».
    Quant aux allégations gratuites aux termes desquelles Caïd Essebsi serait le jouet d’ambitions familiales et le prisonnier d’une cour d’intrigants, elles me paraissent être le fruit d’une imagination délirante doublée d’une ignorance complète du caractère de cette personnalité : ceux qui connaissent Caïd Essebsi savent qu’il est insensible à la flatterie et non manipulable.
    Affirmer, au surplus, que l’ambition présidentielle de Caïd Essebsi tient à une farouche volonté de mimer Bourguiba, dénote d’une vision simpliste voire puérile du parcours d’un homme politique de premier plan. Je suis persuadé que si, un matin de septembre, Caïd Essebsi, se levait et annonçait qu’il se désistait au profit de Omar Shabou, ce dernier crierait au génie politique, à la grandeur incarnée et à la sagesse faite homme. Comme ce jour n’est pas prêt de se lever, il faudra que Shabou se contente de se rendre aux urnes fin novembre pour choisir en son âme et conscience, parmi les dizaines de rigolos qui se présentent, le « jeunot » qui à ses yeux incarne le mieux l’avenir de cette si vieille nation.
    Qui a dit que les grandes messes ne servaient à rien : l’imposante conférence destinée à relancer l’investissement en Tunisie participe de cet effort d’exorcisation de trois années noires pour l’économie tunisienne. Après des mois de pagaille généralisée consécutive à une prétendue Révolution, on a eu droit au déferlement de l’extrémisme religieux conjugué à l’aveuglement syndical le plus total. Résultat : des investisseurs qui décampent et un risque  pays qui bat tous les records.
    Malgré toute l’ardeur sincère du gouvernement actuel, il faudra bien plus qu’une conférence pour redorer le blason de notre pays  et tout d’abord que les Tunisiens retrouvent le goût du travail, ensuite que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur, enfin que les syndicats renoncent à une démagogie ruineuse. Cela paraît simple et pourtant toute la difficulté réside dans cette équation qu’aucun gouvernement ne parvient pour l’instant à résoudre.
    De la belle ouvrage ; le dernier livre d’Aïcha Ibrahim, « Les Morisques et le pont des civilisations » (MC Editions, 2014), est un travail qui force l’admiration tant par sa grande qualité littéraire que par la  densité de son contenu. Hispanisante, à la fois historienne et enseignante en littérature française, Aïcha Ibrahim nous offre bien plus qu’un livre d’histoire sur les Morisques ; en effet, à travers la littérature, la poésie et l’art de vivre andalous, elle appréhende de manière originale l’apport civilisationnelle des Morisques.  Sur l’implantation de ses derniers en terre tunisienne,  après leur expulsion d’Espagne en 1609, l’auteur nous restitue avec force détails la révolution industrielle et agricole qui en a résulté. C’est toujours un bonheur de vérifier que l’Université tunisienne regorge d’excellents défricheurs de notre histoire et de la diversité de ses héritages ethniques et culturels. Face à la tentation du repli identitaire et religieux, ce n’est jamais inutile.
    *Personnage du médecin dans le « Malade imaginaire » de Molière
     

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
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    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    On peut tout reprocher à Ennahdha sauf de manquer de machiavélisme et de fourberie : en poussant sur la piste des candidats clownesques, le parti islamiste cherche à faire des prochaines présidentielles une immense mascarade et à compliquer le choix des Tunisiens. Comment ne pas dévaloriser une telle compétition politique quand une pléthore de demi-portions et d’authentiques psychopathes y participent ? Rendre inaudible la poignée de candidats crédibles, les submerger par le flot d’âneries que ne manqueront pas de proférer les pseudo-candidats  —participe d’une stratégie diabolique visant à ridiculiser une institution clé dans notre système politique. Nul n’est vraiment dupe de ce petit jeu et sûrement pas Béji Caïd Essebsi, qui, lors de son dernier meeting, a dénoncé les basses machinations ourdies contre un suffrage aussi déterminant pour le futur de notre démocratie. En fait, depuis qu’on a eu la bonne idée de le légaliser, le parti islamiste poursuit patiemment une entreprise que l’on pourrait qualifier de «Tachlikation de l’État » et de ses symboles. Il serait particulièrement  aisé de multiplier les exemples de ce travail de démolition qui a atteint son paroxysme sous la funeste Troïka. Il est clair que si l’on rêve, nuit et jour, de Califat, il est préférable de commencer par miner les fondements de l’État moderne. Comble de l’habilité, tout en galvaudant la présidentielle, Ennahdha, la main sur le cœur, nous berce de sa fable « du président consensuel » alors qu’en réalité, elle rêve d’installer à Carthage « un président con sans sel »… 
    Pour bien prendre la mesure de la démission de l’État, inutile de s’embarquer dans des analyses sophistiquées puisqu’il suffit de traverser une artère du centre-ville de Tunis telle que la rue Gamal Abdel Nasser. Bienvenue à Calcultta,  l’odeur du curry en moins, mais avec les mêmes marchands ambulants au beau milieu de la chaussée, prêts à bondir sur votre véhicule si vous avez la malencontreuse idée de klaxonner ou de manifester votre agacement. Toute ladite rue ainsi que celles perpendiculaires sont occupées par une horde de colporteurs recrutés dans les bas-fonds de la cité. Les pauvres commerçants, que l’on pressure de droits et taxes diverses, assistent impuissants au saccage de leurs affaires par des énergumènes au-dessus des lois. À croire qu’il n’y a ni gouverneur, ni maire, ni ministre de l’Intérieur dans ce pays qui,  jour après jour, se transforme en pétaudière géante. Ce n’est pas seulement à Chaambi que l’on défie l’État mais également dans nos rues et dans nos quartiers où des voyous de la pire espèce règnent en maître et jouissent d’une impunité totale.
    Bachar El Assad savoure sa revanche : l’Occident a finalement compris que les Barbares qu’il a dressés contre la Syrie sont, également, une menace pour lui. Il aura fallu trois mises en scène macabres pour que l’Occident découvre avec effarement la face hideuse de l’islamisme djihadiste. Près de deux cent mille morts syriens auront moins émus que trois décapitations filmées. Il faudra bien qu’un jour on puisse se pencher sérieusement sur les ressorts et les causes de cette monstrueuse indifférence du monde dit libre ; c’est probablement cette même indifférence qui sévissait lors du génocide arménien ou juif et que l’on cherche, aujourd’hui, à occulter par quelques commémorations officielles en présence des descendants des victimes. La peste djihadiste qui s’est déclarée en Syrie et en Irak est un enfant adultérin né du croisement de la cupidité occidentale et de la veulerie arabe. Maintenant que ce fléau frappe indistinctement, on se décide à le combattre et à former des coalitions. En somme, le sempiternel dilemme de la peste et du choléra…  
     
    *traduire en français par clochardisation de l’État.
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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    Le ourbier libyen dont l’OTAN et en particulier la France peuvent s’enorgueillir d’en être les maîtres d’œuvre constitue probablement la plus grande menace sur la sécurité de notre pays ; en dépit de la vigilance de notre armée, il est illusoire de penser que le chaos qui risque de s’installer chez nos voisins n’aura pas de conséquences graves en termes d’infiltrations d’armes et d’individus indésirables. Voilà, au moins, une excellente raison de peser au trébuchet les déclarations officielles de la Tunisie concernant la Libye et d’éviter les coups de gueule inconsidérés. Pour la énième fois, Moncef Marzouki, se sera distingué par une prise de position précipitée en fustigeant un prétendu coup d’État en Libye. Son indéfectible complice, le parti Ennahdah, s’est associé à ce concert de lamentations sur la légalité en péril dans ce pays frère ce qui, au passage, ne laissera pas d’éveiller les soupçons de toute personne pourvue d’un minimum de bon sens. En soulevant le couvercle du chaudron libyen, on s’aperçoit que le Général Haftar n’est pas aussi infréquentable que le soutient notre président provisoire puisqu’il se propose de nettoyer son pays de cette gangrène islamiste qui s’est répandue dans la plupart des régions du Monde arabe. La thérapie musclée appliquée à ce mal en Égypte par le Général Sissi en a stoppé la progression mais gare à tout relâchement : cette semaine, deux valeureux soldats tunisiens ont ajouté leurs noms à la longue liste des martyrs de l’extrémisme montrant ainsi que l’hydre islamiste est loin d’être terrassée. En Libye, les milices islamistes formées d’anciens d’Afghanistan ou de Bosnie ont trouvé une terre promise où l’absence d’institutions solides favorise l’instauration de l’État islamique tant chéri. Quand on sait que des centaines de soldats libyens ont été froidement éliminés par les islamistes, on se dit que le Général Haftar ne doit pas être un si mauvais bougre et ne mérite sûrement pas d’être traité de putschiste. Plus les jours passent, plus le peuple libyen semble lui apporter son soutien, ce qui devrait nous incliner à la plus grande prudence quant à la qualification des faits qui se déroulent dans ce pays. Notre diplomatie à deux têtes, propice à tous les cafouillages et pataquès inimaginables, risque de nous réserver d’autres déconvenues d’autant moins souhaitables que les ardoises syrienne et égyptienne sont loin d’être effacées.

    Ce qui se passe à Nidaa Tounes est propre à toute structure naissante à croissance forte et au futur prometteur ; toutes sortes d’opportunistes et de demi-portions s’y pressent pour y arracher un fauteuil ou, à défaut, un strapontin. Les appétits s’aiguisant et les échéances s’approchant, le goût de la rébellion gagne du terrain et l’impatience de certains déborde de toutes parts au risque de faire chavirer le navire tout entier. Le pari initial de Me Béji Caïed Essebsi  d’unir les contraires, autrement dit, de marier la carpe et le lapin était audacieux même si le chemin parcouru jusqu’ici prouve la justesse de son ambition. Depuis Brutus, Il y a toujours un moment où la tentation du parricide pointe du nez quitte à s’en prendre d’abord au fils. En criminologie, on appelle cela un alibi, en langue châtiée, un prétexte fallacieux. 
    Finalement, le pèlerinage de la « Ghriba » s’est plutôt bien passé. Somme toute, après la grotesque motion de censure contre Karboul et Sfar à l’ANC et surtout les coups de poignard assenés à ce pauvre Maurice Bchiri, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. En effet, un mois avant la fête de la « Ghriba », ce commerçant juif de Hara Kebira a échappé de justesse à la mort que lui promettait un islamiste chauffé à blanc par la propagande antisémite qui a fleuri durant le maudit règne de la Troïka. On a eu beau minimiser l’agression et l’attribuer, une fois de plus, à un dément, le mal a été fait et l’information est parvenue aux oreilles de nombreux candidats au pèlerinage jerbien. Quand on flétrissait ceux qui criaient « mort aux Juifs » à l’aéroport de Carthage, nous étions persuadés, qu’un jour, un de ces débiles congénitaux joindrait le geste à la parole…

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    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    En dépit de mes penchants démocratiques, j’ai du mal à considérer les succès électoraux de Bachar El Assad et d’Al Sissi comme de mauvaises nouvelles ; en effet, il faudrait être d’une mauvaise foi insigne pour ne pas admettre que sans Bachar la Syrie se serait transformée en une forteresse du terrorisme islamiste. Où seraient les Chrétiens syriens si Qaïda et  Ansar Al Charia n’avaient pas trouvé sur leur chemin un dur à cuire comme Assad ? C’est pourquoi qualifier les élections syriennes de  mascarade est hâtif et ne tient pas compte de la hantise d’une majorité de Syriens de voir le pays livré à des bêtes sanguinaires. Quant au plébiscite d’Al Sissi en Égypte, j’y vois essentiellement un camouflet définitif au projet islamiste dans le Monde arabe. Une fois l’euphorie révolutionnaire tombée, le Printemps arabe est apparu clairement comme une machination diabolique destinée à placer notre région sous la coupe de rétrogrades prêts à nous ramener aux premiers siècles de l’Hégire. En éventant ce funeste projet dans la plus grande nation arabe, le Caudillo égyptien a rendu un inestimable service à tous les peuples arabes y compris le nôtre ; ce n’est pas l’avis du député Issam Chebbi qui jure qu’il ne félicitera pas Al Sissi mais que l’on tient, néanmoins, à rassurer : l’Égypte s’en remettra…
    La disparition récente d’un héros a été l’occasion de vérifier l’étendue du sens patriotique national. L’enterrement du Colonel Nourredine Boujellabia n’a drainé que quelques dizaines de personnes alors que  ce dernier aurait amplement mérité des obsèques officielles  eu égard aux services rendus à son pays. Pour ceux qui ont la mémoire courte ou qui ignorent l’histoire de la Tunisie, le Colonel Boujallabia fut un véritable héros de la bataille de Bizerte en 1961 ; en qualité de Commandant opérationnel de la ville de Bizerte, il s’illustra par son courage et sa vaillance en compagnie de jeunes officiers tels que Ammar Khriji, Abdelhamid Echeikh et tant d’autres ; il aurait pu, cent fois, tomber, comme le commandant Béjaoui, sur le champs d’honneur à Bizerte, mais il s’en tira avec une blessure occasionnée par un éclat d’obus. Ne serait-ce que pour ses faits d’armes, sans parler de sa brillante carrière militaire et civile, le Colonel Boujellabia méritait hommage solennel de la part du ministère de la Défense : la présence du ministre ou du chef d’État major au cimetière Sidi Abdelaziz, l’hymne national et une oraison funèbre auraient représenté le minimum syndical pour un authentique héros. Pas un seul képi, pas un seul gradé n’était visible le jour de son enterrement ; seuls quelques compagnons à la retraite et une poignée de personnalités nationales ont sauvé l’honneur. Il était difficile devant tant d’ingratitude de ne pas ressentir un sentiment de honte et d’amertume. On aurait pu naïvement penser que la menace terroriste et le sang versé à Chaambi et à Kasserine fouetteraient le sentiment national et nous conduiraient à honorer nos héros avec plus de ferveur ; que nenni, il faut visiblement bien plus pour que l’on prenne la peine de se recueillir sur la tombe de ceux qui se sont sacrifiés pour la Tunisie. S’il s’était agi de l’enterrement d’une danseuse de ventre ou d’un vendeur de fricassées, je prends le pari que le cimetière aurait été bondé de monde et que leur disparition aurait fait autant de bruit que celle d’un héros de la bataille de Bizerte. Quand on voit la sollicitude des grands de ce monde pour les héros du débarquement du 6 juin 1944 et la pompe avec laquelle leur héroïsme fut célébré ces jours-ci, on se dit que notre déficit patriotique est bien plus dramatique que celui de notre budget.

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    La dernière fois que les islamistes ont présenté leur candidat à la présidentielle, on ne peut pas dire que cela a porté chance à ce dernier ; je pense, bien entendu, au malheureux Morsi et à sa brève carrière présidentielle. Instruits par ce fâcheux précédent, leurs petits cousins tunisiens, de loin plus avisés, ont décidé d’appeler à voter pour un candidat consensuel choisi hors d’Ennahdha. Que l’on considère cette initiative comme un sommet dans l’habilité ou, plus simplement, comme une forme de sagesse, toujours est-il qu’elle a eu pour effet de semer une belle pagaille au sein des forces politiques dites de progrès : le fromage présidentiel a fait voler en éclat leur unité de façade et a enterré toute velléité d’un front commun. L’éphémère UPT qu’on pourrait rebaptiser APT n’a pas tenu longtemps face aux appétits présidentiels des uns et des autres. Attendez-vous, dans les prochaines semaines, à assister à un florilège de « yeux doux » et de courbettes en direction de Montplaisir ; certains, comme Tahar Ben Hassine, vont jusqu’à qualifier Rached Ghanouchi de génie politique, d’autres se répandent en éloges sur le souci d’unité nationale d’Ennahdha. Heureusement, nous serons encore nombreux à ne pas nous pâmer devant l’esprit consensuel du parti islamiste et à considérer que sa complaisance, du temps de la Troïka, face au terrorisme lui ôte toute légitimité pour décider du futur locataire de Carthage. Parmi les pièges prisés par les chasseurs on trouve le miroir aux alouettes; celui qu’agite, aujourd’hui, Ennahdha est surtout un miroir aux pigeons…    
    Quand Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui s’accordent sur un point - à savoir que la nouvelle Instance Vérité et Dignité est nuisible - il n’est pas inutile de s’y arrêter. En substance, nos deux aînés lui reprochent d’avoir vocation à régler des comptes et de souffler sur le brasier de la vengeance. Indépendamment des conditions contestables de la désignation de ses membres, les pouvoirs  reconnus à l’Instance par la  loi sur la justice transitionnelle la hissent au rang d’un Tribunal d’Inquisition dont on peut craindre qu’il ne contribue pas à la concorde et à la réconciliation nationale. Faut-il taire les abus et les crimes du passé ? N’est-il pas nécessaire de lever le voile sur des pages sombres de notre histoire ? La recherche de la vérité est une quête louable quand elle est  confiée à des individus impartiaux et compétents ; elle peut virer au désastre dans le cas contraire. Et puis, de qui se moque-t-on ? Quand on ne sait presque rien sur les assassinats politiques commis en 2013, j’aimerais bien savoir comment l’on compte élucider ceux des années 60. Au surplus, remuer le passé et rouvrir les vieilles cicatrices dans un pays encore endolori par 3 ans de règlements de comptes et haines recuites est un exercice à haut risque. C’est pourquoi, je souhaite du plaisir aux 15 heureux élus auxquels on assigne la lourde tâche de manipuler des substances facilement inflammables et parfois même explosives.      
    Le succès de l’emprunt national est à bien des égards réjouissant : réussir à collecter le double de ce qui était prévu prouve que le bas de laine des Tunisiens et leur sens du devoir national ne sont pas en si mauvais état que ça. Il faut reconnaître que le grand argentier du pays, Hakim Ben Hammouda, s’est démené comme un beau diable pour que le premier emprunt national de la transition dépasse ses objectifs. Cela nous change de l’ectoplasme qui l’a précédé et dont les fumeuses analyses tenaient plus de la discussion de café de commerce que de la pensée keynésienne. À dire vrai, ce n’est pas un cas isolé : la défunte Troïka restera dans les annales comme la plus belle agrégation de bras cassés  et de charlatans en charge  des affaires du pays.
     

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Samedi, 28 Décembre, 2013

    C’est un 7 janvier de l’an 910 que le « Mahdi » fut sacré souverain de « l’Ifrikia » * ; l’histoire de ce jeune monarque, longtemps caché selon la tradition chiite, est étroitement liée à celle de Mahdia. D’après les sources dont nous disposons, le « Mahdi » ne parvint à imposer qu’après s’être débarrassé de son bienfaiteur, celui qui le porta réellement  au pouvoir, le prédicateur « Abu Abdullah » appuyé par la puissante tribu « Kutama ». Toute ressemblance avec un événement de notre histoire récente serait purement fortuit et n’engagerait l’auteur de ces quelques lignes que si l’on veut bien y recueillir une humble suggestion ou une vague recommandation … 
     
    Même les plus fervents amis de Tarek Dhiab ont trouvé sa dernière diatribe contre les journalistes injustifiable. Pour autant, cela n’autorise pas certains comme Houcine Abbassi de le traiter de vulgaire footballeur auquel il est interdit d’émettre une opinion de nature politique. Le crime de notre ancienne gloire sportive est d’avoir osé attribuer notre piètre situation économique aux grèves incessantes qui ont frappé quasiment tous les secteurs d’activités. S’il ne s’agit que de cette affirmation, je crains que nous soyons très nombreux à le penser. Ce n’est faire injure à personne que de penser que depuis 3 ans, l’agitation sociale alimentée par un activisme syndical exacerbé a fait beaucoup de mal à notre pays : la fermeture de grandes entreprises étrangères écœurées par les grèves et débrayages à répétition n’a pas été inventée par Tarek Dhiab et la quasi faillite du secteur des phosphates n’est pas une vue de l’esprit mais bien une douloureuse réalité. Bien entendu, L’UGTT, et notamment sa direction, n’est pas responsable de tous ces malheurs ; il n’en demeure pas moins qu’elle n’a  pas été toujours capable de maîtriser sa base ; trop souvent, ses directions régionales ou sectorielles, formées de syndicalistes bouillants et inexpérimentés, n’ont pas conscience des dégâts que causent leurs mouvements intempestifs sur la survie des entreprises. Sur le plan professionnel, il m’a été donné de vérifier le manque de sérieux voire l’inconscience de certains responsables syndicaux en charge de conflits sociaux dans des entreprises. Critiquer l’UGTT ou des aspects de son action n’est pas un sacrilège ; cela n’ôte en rien à ses mérites passés ou présents, en particulier durant la lutte pour la libération. Le rôle déterminant joué par la Centrale syndicale pour extirper le pays du blocage politique et institutionnel n’échappe à personne et lui vaut l’estime de la plupart des Tunisiens. La sévérité des propos d’Abbassi à l’endroit de Tarek Dhiab est d’autant moins acceptable qu’on en infère une forme de mépris pour une catégorie de travailleurs : les footballeurs. À en croire camarade Abbassi, un footballeur est tout juste capable de shooter dans un ballon et doit s’abstenir de toute réflexion politique, apanage des syndicalistes et accessoirement de diplômés d’Oxford ou de la Sorbonne. Pourtant, il suffirait de jeter un coup d’œil sur le CV de grands responsables de l’UGTT pour s’apercevoir qu’ils n’appartiennent pas tous à l’élite intellectuelle de ce pays : entre les cheminots, les soudeurs et les chauffeurs de poids lourds, un Bac +2 se fraye parfois un chemin. La modestie du parcours universitaire des responsables syndicaux ne les empêche pas d’être souvent de fins politiciens et de redoutables tribuns. En conséquence, dénier cette possibilité à un footballeur n’est pas de mise. Et puis, il n’est pas dit qu’un leader syndical n’ait pas besoin des talents d’un footballeur: si Houcine Abbassi savait aussi bien dribbler que Tarek Dhiab, il n’aurait pas encaissé autant de buts durant cette partie si serrée qu’on appelle le Dialogue national.

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