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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le:
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    La dernière fois que les islamistes ont présenté leur candidat à la présidentielle, on ne peut pas dire que cela a porté chance à ce dernier ; je pense, bien entendu, au malheureux Morsi et à sa brève carrière présidentielle. Instruits par ce fâcheux précédent, leurs petits cousins tunisiens, de loin plus avisés, ont décidé d’appeler à voter pour un candidat consensuel choisi hors d’Ennahdha. Que l’on considère cette initiative comme un sommet dans l’habilité ou, plus simplement, comme une forme de sagesse, toujours est-il qu’elle a eu pour effet de semer une belle pagaille au sein des forces politiques dites de progrès : le fromage présidentiel a fait voler en éclat leur unité de façade et a enterré toute velléité d’un front commun. L’éphémère UPT qu’on pourrait rebaptiser APT n’a pas tenu longtemps face aux appétits présidentiels des uns et des autres. Attendez-vous, dans les prochaines semaines, à assister à un florilège de « yeux doux » et de courbettes en direction de Montplaisir ; certains, comme Tahar Ben Hassine, vont jusqu’à qualifier Rached Ghanouchi de génie politique, d’autres se répandent en éloges sur le souci d’unité nationale d’Ennahdha. Heureusement, nous serons encore nombreux à ne pas nous pâmer devant l’esprit consensuel du parti islamiste et à considérer que sa complaisance, du temps de la Troïka, face au terrorisme lui ôte toute légitimité pour décider du futur locataire de Carthage. Parmi les pièges prisés par les chasseurs on trouve le miroir aux alouettes; celui qu’agite, aujourd’hui, Ennahdha est surtout un miroir aux pigeons…    
    Quand Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui s’accordent sur un point - à savoir que la nouvelle Instance Vérité et Dignité est nuisible - il n’est pas inutile de s’y arrêter. En substance, nos deux aînés lui reprochent d’avoir vocation à régler des comptes et de souffler sur le brasier de la vengeance. Indépendamment des conditions contestables de la désignation de ses membres, les pouvoirs  reconnus à l’Instance par la  loi sur la justice transitionnelle la hissent au rang d’un Tribunal d’Inquisition dont on peut craindre qu’il ne contribue pas à la concorde et à la réconciliation nationale. Faut-il taire les abus et les crimes du passé ? N’est-il pas nécessaire de lever le voile sur des pages sombres de notre histoire ? La recherche de la vérité est une quête louable quand elle est  confiée à des individus impartiaux et compétents ; elle peut virer au désastre dans le cas contraire. Et puis, de qui se moque-t-on ? Quand on ne sait presque rien sur les assassinats politiques commis en 2013, j’aimerais bien savoir comment l’on compte élucider ceux des années 60. Au surplus, remuer le passé et rouvrir les vieilles cicatrices dans un pays encore endolori par 3 ans de règlements de comptes et haines recuites est un exercice à haut risque. C’est pourquoi, je souhaite du plaisir aux 15 heureux élus auxquels on assigne la lourde tâche de manipuler des substances facilement inflammables et parfois même explosives.      
    Le succès de l’emprunt national est à bien des égards réjouissant : réussir à collecter le double de ce qui était prévu prouve que le bas de laine des Tunisiens et leur sens du devoir national ne sont pas en si mauvais état que ça. Il faut reconnaître que le grand argentier du pays, Hakim Ben Hammouda, s’est démené comme un beau diable pour que le premier emprunt national de la transition dépasse ses objectifs. Cela nous change de l’ectoplasme qui l’a précédé et dont les fumeuses analyses tenaient plus de la discussion de café de commerce que de la pensée keynésienne. À dire vrai, ce n’est pas un cas isolé : la défunte Troïka restera dans les annales comme la plus belle agrégation de bras cassés  et de charlatans en charge  des affaires du pays.
     

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le:
    Vendredi, 26 Septembre, 2014

    Mustapha Ben Jaâfar a exprimé sa crainte que Nidaa Tounès favorise le retour à la tyrannie ; fichtre ! Le président de notre auguste Assemblée est parvenu à ce sombre oracle compte tenu de la présence d’anciens responsables du RCD au sein de certaines structures régionales dudit parti. Je pensais, naïvement, que la promulgation d’une nouvelle Constitution nous immuniserait, au moins pour quelques années, contre l’esprit d’exclusion or, je m’aperçois, que du haut de son perchoir, Dr.Ben Jaâfar est un fervent supporter de l’épuration politique.  Prisonnier de reflexes d’opposant blanchi sous le harnais, ce dernier persiste à considérer les Rcdistes comme des suppôts de Satan promis à une damnation éternelle. À l’en croire, leur statut de Tunisien à part entière ne les protège nullement contre la marginalisation politique ad vitam aeternam. Et, quand Nidaa Tounès ouvre ses bras à des Tunisiens n’ayant pas les mains souillées par une goutte de sang ou de l’argent sale, ce parti politique devient pour le bon Docteur Ben Jaâfar un vecteur de la tyrannie ; avec une telle conception des droits politiques de ses compatriotes, le magnanime cornac de l’ANC devrait plutôt postuler au prix Nobel de la Paix qu’à la présidence de la République. Combien aurions-nous aimé voir ce si cher Mustapha se dresser contre la tyrannie obscurantiste rampante que ses alliés islamistes ont tenté, deux années durant, d’imposer au pays. Quand nos universités, nos écoles, nos crèches, nos mosquées et même nos forêts furent la cible de fanatiques déterminés à nous ramener au Moyen-âge, où donc se cachait-il ? Pourquoi ne pas avoir pipé mot quand les droits des femmes et la liberté d’expression de nos artistes étaient menacés par ses compagnons de la Troïka ? Etait-il si occupé que cela à placer les membres de son parti ainsi que ceux de sa propre famille dans de juteux et confortables fauteuils ? Autant de questions sans réponse qui nous poussent à esquisser une moue dubitative quand Dr.Ben Jaâfar joue les experts en matière de tyrannie et rédige des « lettres de cachet »* à l’endroit de Tunisiens qui ne partagent pas ses options idéologiques.        
    Il y a, en Tunisie, un lieu où le combat est encore plus meurtrier que dans l’arène politique : notre réseau routier. Hier à Thala, l’autre jour à Gabès,  l’hécatombe ne fait que commencer. N’étant pas féru de virées automobiles à travers les routes du pays, je me contente, quotidiennement,  d’observer les exploits des usagers de la route reliant Tunis à la Marsa. Dire que c’est la jungle relève de l’euphémisme surtout depuis que les taxis collectifs normalement réservés aux zones rurales écument sur ledit tronçon de route. Souvent conduits par des énergumènes qui semblent fraîchement sortis de pénitenciers, ces taxis sont au dessus du code de la route où plus exactement s’assoient dessus. Roulant systématiquement à tombeau ouvert, ils exposent leurs pauvres clients à une mort certaine sans que cela n’émeuve la police de la circulation ou la garde nationale pourtant présents sur les abords de la GP 9. Faudra-t-il qu’un drame se produise et que la liste des veuves et des orphelins s’allonge pour que ces messieurs en charge de la sécurité routière veuillent mettre le holà aux agissements de ces criminels en puissance ? Sans compter que la singulière impunité dont jouissent les conducteurs de taxis collectifs tient, d’après certaines mauvaises langues, au fait qu’ils appartiennent souvent à des pontes de la Police. Le meilleur moyen de couper court à ce que nous espérons être une rumeur serait de sévir contre ces chauffards qui se prennent pour des Caïds de la route et qui ne sont, en fait, que de la graine d’assassin.
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  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Mercredi, 21 Août, 2013

    Il faut appeler un chat un chat et un terroriste un terroriste ; ceux qui, aujourd’hui, mettent à feu et à sang l’Égypte sont des terroristes et doivent être traités comme tels. Rien, pas même l’interruption d’un processus démocratique par l’armée, ne peut justifier de prendre les armes contre les forces de l’ordre, de saccager des bâtiments publics et privés, et de brûler des églises coptes. A travers le monde, des manifestations sont tous les jours dispersées sans que les manifestants ne se transforment en bêtes enragées prêtes à toutes les extrémités. Il y avait sûrement à Rabaa Adouia des Égyptiens sincères ulcérés par l’éviction assez peu démocratique du président Morsi et dont l’entêtement à poursuivre le sit-in était compréhensible ; mais, pour leur plus grand malheur, à leur côtés se trouvaient des terroristes armés jusqu’aux dents déterminés à en découdre avec les forces de l’ordre. Les véritables responsables du carnage et du désordre qui s’installe en Égypte sont les Frères musulmans et personne d’autre ; perdre son mandataire à la Présidence égyptienne  a de quoi dépiter mais pas au point de sombrer dans une folie destructrice. Il n’est pas simple de saisir  comment une organisation qui fut si habile à sortir de la clandestinité et à gagner en respectabilité se ravale au rang d’un groupe terroriste condamné, à brève échéance, à une marginalisation politique . Dans l’épreuve que traverse l’Égypte, les Tunisiens ne peuvent qu’exprimer leur rejet du terrorisme  et soutenir le gouvernement de ce pays frère dans sa lutte contre ce fléau ; et tant pis si nos gouvernants n’ont pas fait ce choix et refusent de voir la diabolique machination ourdie contre la plus grande nation arabe. 
     
    La palme d’Or dans le festival des lamentations qu’a suscité le drame égyptien revient sans conteste au ministre des Affaires religieuses ; Cheikh Khademi nous a, tout d’abord, gratifié d’un  communiqué officiel dans lequel il accuse l’État égyptien de crime contre l’humanité et appelle à soutenir la sédition dans ce pays. Que la personne en charge du culte se mette à jouer au ministre des Affaires étrangères et se substitue même au Chef de l’État dans l’expression de la position de la Tunisie en dit long sur la qualité de la gouvernance actuelle. Sous d’autres cieux, cette incursion en territoire inconnu aurait valu à son auteur un licenciement sec pour faute lourde ; chez nous, nenni, pas même un blâme ou un léger reproche. Il faut dire que, depuis sa nomination, Monsieur Khademi, qui continue « à chauffer » le croyant à la mosquée  El Fath, jouit d’une immunité à toute épreuve : on ferme les yeux quand un de ses collaborateurs appelle à l’assassinat de Me Béji Caïd Essebsi, idem quand les mosquées dont il a la charge se transforment en bastions de l’intolérance religieuse. Ce n’est pas pour une peccadille comme un communiqué officiel qui engage notre pays  et compromet ses relations avec la plus grande nation arabe qu’on va gourmander cet enfant gâté un peu bavard. Après tout, quand par maladresse on se met à dos la Syrie, l’Algérie, on peut se payer le luxe d’indisposer l’Égypte ; notre diplomatie de Gribouille n’a pas visiblement fini de nous estomaquer. Outre ce communiqué saugrenu, Monsieur Khademi nous a offert sur le plateau de Télé  Zitouna un numéro de transe individuelle au cours duquel il a hurlé son indignation devant la répression de ses frères d’Égypte et appelé à l’excommunication des putschistes. La décomposition de son  visage et le flot de postillons ne laissent pas de doute sur la sincérité du préposé au culte mais j’aurais tant aimé le voir manifester la même colère et autant de  véhémence quand le sang de Belaïd et de Brahmi était répandu sous les yeux de leurs familles et qu’on crevait les yeux de nos soldats à Chaambi ; je n’ai pas le souvenir que Khademi se soit fendu, dans ces pénibles circonstances, d’un communiqué indigné ou vengeur. On appelle cela la larme sélective ou encore l’indignation à géométrie variable. On ne saurait que trop recommander à nos responsables politiques de laisser les Égyptiens régler leurs problèmes sécuritaires à leur manière et de se préoccuper exclusivement  du terrorisme qui se propage lentement mais sûrement dans notre pays.

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Mardi, 30 Juillet, 2013

    Le ministre de l’Intérieur, Ben Jeddou, a, au moins, deux bonnes raisons de démissionner : la première tient à l’assassinat de Mohamed Brahmi, la seconde au meurtre de Mohamed Belmufti. Lorsqu’en 24 heures, on est responsable de deux échecs retentissants, libérer son fauteuil est le moins qu’on puisse attendre d’une personne censée être en charge de la sûreté publique. En quoi, me direz-vous, ces deux drames sont imputables au dit ministre ? En ce qui concerne l’élimination du député Brahmi, il me semble évident, en vertu de la théorie du fusible, qu’un ministre doit sauter ; étant donné qu’il serait incompréhensible que ce soit celui de la Jeunesse et des sports, celui de l’Intérieur est le mieux désigné. Quand, en outre, on prétend faire de l’élucidation de l’assassinat de Chokri Belaid une priorité et qu’il faille attendre celui de Mohamed Brahmi pour obtenir des noms et une piste, se démettre n’est plus un choix mais une nécessité. Comment peut-on « avaler » les explications fournies par Ben Jeddou lors de sa dernière conférence de presse ? Comme un magicien qui sortirait un lapin de son chapeau, le ministre nous a, certes, livré des noms et quelques photos de « sales bobines » ; néanmoins, comment se fait-il qu’avant même de mettre en terre Mohamed Brahmi tout devienne, comme par enchantement, aussi clair ? Pourquoi avoir attendu que ces « chiens » récidivent pour en révéler l’identité ? Tant que ces questions demeureront sans réponses, notre méfiance vis-à-vis des révélations de Ben Jeddou n’aura pas de raison de faiblir. L’autre mort dont Ben Jeddou ne peut se laver les mains est celle du malheureux Mohamed Belmufti ; l’image de ce Tunisien, gisant dans son sang, le visage contre l’asphalte, m’a profondément bouleversé. On se croirait en décembre 2010 quand la machine de mort de Ben Ali entra en action à Sidi Bouzid et ailleurs. Le maintien de l’ordre public n’est pas chose aisée mais ne saurait justifier un recours disproportionné à la force contre des manifestants aux mains nues. Si bavure il y a, c’est au ministre de l’Intérieur d’en assumer la responsabilité et d’en tirer les conséquences pratiques. Il ne faut pas oublier que l’ancien ministre de l’intérieur, Haj Kacem,  croupit derrière les barreaux pour des faits similaires. Tirer sa révérence lorsque l’on n’a  pas été en mesure de remplir convenablement sa mission n’a rien de déshonorant ; s’accrocher à son fauteuil quand des veuves et des orphelins vous tiennent, à tort ou à raison, pour responsable de leur malheur l’est par contre.
     
     Plus généralement, le gouvernement doit-il démissionner en bloc ? Nombreux sont ceux qui estiment la réponse évidente ; les six derniers mois ne furent pas un modèle de gouvernance éclairée et l’assassinat de Brahmi représente un paroxysme dans l’échec. S’arc-bouter sur  une légitimité électorale qui s’est effritée considérablement depuis le 23 octobre 2012 ne suffira pas à calmer la colère et l’exaspération de millions de Tunisiens. Il faut leur offrir, sans délai et sans barguigner,  beaucoup plus et notamment la dissolution immédiate des Ligues de protection de la Révolution. Ne pas mettre un terme final aux agissements de ce ramassis de voyous marquerait une défaite morale et politique définitive du gouvernement actuel et le conduirait à une démission inéluctable. Les partenaires politiques de Nahdha doivent être conscients qu’ils n’échapperont pas au naufrage s’ils ne parviennent pas à la convaincre de l’impérativité de cette dissolution. Même si le scénario égyptien n’a rien de séduisant et qu’on ne peut souhaiter que l’avenir de notre pays se décide dans les casernes, il est grand temps de comprendre que la lassitude des peuples pave souvent  la voie à la dictature et peut transformer le moindre caporal en héros.

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Jeudi, 25 Juillet, 2013

    Après plus de 30 ans de clandestinité, d’harcèlement et de persécutions, le mouvement islamiste rebaptisé Nahdha tient son premier congrès au grand jour. Même les détracteurs de ce parti et de son projet ne peuvent nier l’importance d’un tel événement ; la démocratie à laquelle tous les Tunisiens aspirent est incompatible avec l’exclusion de plus d’un million de leurs concitoyens. L’ostracisme brutal d’une frange de notre population n’était plus tolérable. En plaçant, suite à des élections convenables, leur parti Nahdha, en tête des forces du pays, ses sympathisants ont définitivement ancré leur présence dans le paysage  politique. A peine installé au pouvoir, le mouvement islamiste, confronté à la réalité, a édulcoré sa vulgate et s’initie au dialogue avec l’opposition. Le guide du mouvement, Rached Ghanouchi, a démontré qu’il savait être pragmatique en rangeant  durablement au placard son antienne fondamentaliste. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si, dans le même temps, on n’assistait pas la recrudescence des agressions visant les responsables de l’opposition ; il ne se passe pas une semaine sans que leurs meetings ne soient la cible d’énergumènes n’hésitant pas à recourir à la violence la plus extrême pour les empêcher de s’exprimer. L’agression perpétrée contre Me Nejib Chebbi est le dernier épisode de ce phénomène inquiétant. Qu’un membre de la Constituante, figure respectée de l’opposition démocratique, soit abreuvé d’insultes et que sa voiture soit endommagée afin de saboter une de ses réunions politiques à Jendouba est un véritable scandale. La condamnation par Nahdha de cette énième atteinte à la liberté de réunion est une bonne chose en soi si l’on attend du parti au pouvoir davantage de fermeté envers des brutes manipulées. A vrai dire, la violence verbale ou physique n’est plus l’apanage des voyous seulement puisque même un représentant du peuple, le député Tahar Hamila semble en faire une spécialité. Sa dernière charge contre Me Béji Caïd Essebsi qu’il taxe de «représentant de la vermine francophone et des forces de l’apostasie anti-révolutionnaire» témoigne soit d’un dérangement mental soit d’une propension à la haine gratuite. 
    Pour faire le «Buzz», ce député atypique est prêt à aller dénicher ses arguments dans une décharge publique et à recourir aux effets les plus vulgaires. A l’âge où, habituellement, on s’assagit, il préfère jouer les potaches mal embouchés, histoire de faire parler de lui ; comme dirait Sagan, «Bonjour tristesse»…
     
    Mali, Tunisie même combat ; la guerre sans précédent que livrent les salafites contre les mausolées des marabouts est un des symptômes de leur ignorance crasse et de leur fascisme congénital. Que ce soit à Tombouctou, à Gao, ou dans certaines localités de notre pays, ces excités, en proie à une folie destructrice, s’en prennent à des monuments datant parfois de plusieurs centaines d’années. N’attendez surtout pas de notre pusillanime ministre de la Culture, «Eric Mabrouk», champion absolu du triple langage, qu’il se dresse contre cette attaque caractérisée du patrimoine national. Il faut dire qu’entre ses virées au festival de Cannes ou celui de Moscou, le temps lui manque pour se préoccuper du saccage de quelques Zaouïas séculaires. Le maraboutisme soufi en Tunisie est pourtant une dimension importante de notre histoire ; on ne peut ignorer la place qui y occupe des hommes comme Sidi Mezri, Sidi Mehrez, Sidi Belhassen Echeddli, Sidi Belguith El Qâchach, ou Sidi Brahim Riahi. De leur vivant, tous ses personnages exceptionnels n’ont jamais prétendu à la moindre sainteté et encore moins à faire l’objet d’un culte quelconque. En revanche, par leur action politique et intellectuelle, ils ont écrit, chacun à sa manière, des pages essentielles de l’histoire de Tunisie. Evoquons brièvement les actions marquantes de certains d’entre eux. Il y a eu Sidi Mehrez au XIème siècle et son combat contre l’intolérance à l’égard des Juifs de Tunis, puis Sidi Belguith El Qâchach et son engagement en faveur de l’installation des Morisques en Tunisie au XVIIème siècle, enfin Sidi Brahim Riahi au XIXème siècle et ses fatwas contre l’esclavage sans oublier ses prises de position contre l’absolutisme beylical. Loin de se poser comme des intercesseurs entre Dieu et les croyants, ces grands hommes ont mérité, par leurs qualités de cœur et d’esprit, le respect des Tunisiens. Profaner, aujourd’hui, leurs mausolées ne peut être le fait que de grands malades justes bons à être incarcérés à défaut de pouvoir être internés.

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Mercredi, 10 Juillet, 2013

    Il ne manquait aux révolutions arabes qu’un 18 Brumaire pour s’inscrire dans la tradition de leur illustre devancière française ; c’est chose faite depuis que le 30  juin 2013, un Bonaparte égyptien  déposa un président démocratiquement élu. A l’image de la Révolution française qui poussa son dernier râle un jour de Brumaire, le Printemps arabe ne survivra pas à une conjuration militaire ayant pour théâtre la plus grande nation arabe. Adieu le lyrisme révolutionnaire et les douces rêveries démocratiques, place au son du clairon et aux bruits de bottes. Il faut reconnaître que la parenthèse ne fut pas des plus heureuses ; quand les pays dudit Printemps arabe ne sombraient pas dans la guerre civile, ils se trouvaient sous le joug de sombres personnages traquant le mal jusque dans nos chaumières et appelant au rétablissement du Califat ; des rigolos promus comme ministres plongeaient les économies de ces pays dans une inexorable récession. Si on y ajoute les assassinats politiques, les milices à la solde des régimes en place, les appels à l’ostracisme et aux pogroms, on peut, à bon droit, penser que la plaisanterie a assez duré.
    Du reste, l’expression si galvaudée de « Printemps arabe » aurait dû susciter, dès le début, notre méfiance ; en effet, il s’agit du titre de l’ouvrage d’un écrivain français sulfureux, Jacques Benoist-Méchin, condamné à mort à la libération pour collaboration avec les nazis. En 1959, au terme d’une virée à travers le monde arabe, ce sinistre personnage crut percevoir les prémices d’un réveil qu’il se plut à qualifier de « Printemps arabe ». La ribambelle de dictateurs et de régimes corrompus que  le monde arabe s’est coltinée depuis la parution de ce livre en dit long sur la qualité des prédictions du nazillon-machin. 
     
    Et s’il nous restait, comme lot de consolation, le « Printemps Tunisien » ? Le président Hollande n’est-il pas venu, à Tunis même, déclamer une ode à notre Printemps ? Même s’il faut se féliciter du fait que nos chefs militaires préfèrent les départs à la retraite aux putschs et que le parti islamiste au pouvoir est une version édulcorée des «Frères musulmans» en Egypte, on aurait tort de croire à une « exception tunisienne » ; à la moindre ânerie additionnelle, nos gouvernants se rendront compte, nolens volens, que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, rappelons tout de même que la désaffection des investisseurs et des touristes pour notre pays, le grand Barnum à l’ANC et les montagnes de détritus à chaque coin de rue doivent nous inciter à  la plus grande modestie quant aux réalisations du « Printemps tunisien ». D’ailleurs l’origine de cette expression est assez suspecte puisque nous la devons à un plumitif au service de Ben Ali, un certain Salvatore Lombardo. Il y a quelques années dans livre intitulé « Un Printemps tunisien », il nous livrait son admiration sans bornes pour notre général-président et pour le miracle économique qu’il a accompli. Quand on se penche sur le berceau des expressions de Printemps arabe ou tunisien, on y découvre une curieuse ascendance qui nous donne une forte envie de nous pincer le nez…
     
    L’enterrement avec les honneurs militaires du Printemps arabe ne doit pas nous faire oublier les veuves éplorées et les orphelins qu’il laisse derrière lui; ces derniers commençaient, pourtant, à peine à savourer les délices de la transition démocratique : promotions inespérées, maisons de fonction, voyages et frais de missions…Bref, un rêve que Sissi, qui n’a rien à voir avec la gentille impératrice, a brisé avant même qu’ils n’aient le temps de glaner toutes les fleurs d’un printemps si juteux.

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Mercredi, 26 Juin, 2013

    Depuis cette grandiose révolution de la liberté et de la dignité, on ne peut quasiment plus organiser une réunion publique sans qu’elle ne vire à la pantalonnade. Même des thèmes aussi sérieux que la violence et le terrorisme ne peuvent être débattus dans le calme et la sérénité ; pourtant, les organisateurs du dernier congrès destiné à proposer des remèdes à ces deux fléaux n’ont pas démérité : une préparation rigoureuse, une forte mobilisation des forces politiques et de la société civile, un projet de charte consensuel. Pour des raisons qui demeurent obscures, les partis au pouvoir, Nahdha et CPR, se sont dérobés à l’invitation tout en ayant la bonté de déléguer un de leurs larbins, le prédicateur Adel Almi. Ce bouffon qui n’a jamais fait rire que ses semblables, s’est acquitté avec dévouement de sa tâche à savoir tenter de saboter les travaux du congrès contre la violence et le terrorisme par un simulacre d’agression. De tels procédés en disent long sur la volonté de ceux qui nous gouvernent d’endiguer la violence politique et ne fait que renforcer notre conviction que celle-ci est une de leurs armes pour pérenniser leur pouvoir.  
     
    L’affaire « Yosr développement » ne fait que commencer. Il faudra bien que l’on nous explique comment un escroc de bas-étage a-t-il pu abuser, depuis deux ans, de la crédulité de dizaine de milliers de nos concitoyens sans que personne ou presque ne bouge. Où étaient les autorités financières quand Adel Dridi jouait avec les milliards? Pourquoi le parquet n’a pas fait cesser à temps cette méga- escroquerie? Pourquoi les médias se sont tus face à ce scandale ?  Les 90 000 clients grugés de « Yosr développement » exigent des réponses claires et complètes mais également les millions de Tunisiens qui ne comprennent pas, qu’après le départ de Ben Ali, des escroqueries de masse puissent être commises en toute impunité. Indiscutablement, les pouvoirs publics et la justice assument une responsabilité dans cette affaire ahurissante compte tenu de leur obligation de protéger leurs administrés contre la délinquance financière. L’échec du dispositif censé traquer les flux financiers suspects et  l’incurie des autorités de surveillance financière pourraient justifier la mise en cause de la responsabilité de l’État et mettre à sa charge une obligation d’indemniser les victimes de cette carambouille à grande échelle. J’ai du mal à croire qu’une escroquerie de cette dimension n’ait pas bénéficié de la complaisance voire de la complicité de responsables ; quand on sait qu’un mécanisme d’alerte existe auprès de toutes les banques de la place pour le moindre virement suspect, on ne peut comprendre que des dizaines de millions de dinars aient pu transiter sur les comptes de « Yosr développement » sans susciter le moindre émoi. C’est bien beau de créer un ministère de lutte contre la corruption, d’installer des magistrats dans un pôle financier flambant neuf encore faut-il que cela serve à quelque chose et que des héritiers d’Al Capone ne puissent pas sévir en toute quiétude dans notre pays. Au lieu de s’étriper pour une virgule ou pour un synonyme, nos chers élus de l’ANC feraient mieux de se saisir au plus tôt de l’affaire « Yosr Développement » pour notamment sommer le gouvernement de s’expliquer sur sa flagrante carence. Depuis que l’on a promis au Tunisien l’avènement d’une ère de transparence et de probité, il ne fait qu’assister à l’aggravation de la corruption et à la floraison des trafics en tous genres. Plus de 10 millions de Tunisiens ont,  de plus en plus,  la désagréable sensation qu’il n’y a pas que les clients de « Yosr développement » qui se soient fait « bananés »… 

  • TRIBUNE - BLOC-NOTES
    Publié le
    Mercredi, 19 Juin, 2013

    Salir ses adversaires est désormais le jeu favori  des « politichiens » que la Révolution a engendrés ; fabriquer des accusations de toutes pièces, monter des procès en sorcellerie, tordre le coup à la vérité, alimenter une presse de caniveau de ragots fétides sont les armes de choix de cette vengeance. Leur dernier fait d’armes est la prétendue collusion entre Béji Caïd Essebsi et Slim Chiboub en vue de contourner les textes sur la confiscation. Toutes les explications fournies par l’avocat en charge de l’opération, Me Slaheddine Caïd Essebsi, les documents publiés et enfin la mise au point de Si Béji sur une chaine TV indiquent clairement qu’il ne s’agit que d’un épisode de plus dans le feuilleton de la calomnie orchestré contre le leader de Nidaa Tounès. Depuis que ce parti  est en tête de tous les sondages, la veine calomniatrice de ses adversaires se déchaîne contre son fondateur dans l’espoir d’en entamer le crédit ou d’en ruiner la réputation ; faute de pouvoir l’atteindre directement, on use de la manière oblique en s’attaquant à l’honorabilité de son frère. Jusqu’ici tous ces « tripatouilleurs de boue », ces professionnels de l’exploration des fosses sceptiques n’ont fait que s’enfoncer dans le ridicule et accréditer l’idée que Si Béji fait peur à ses adversaires politiques par l’adhésion croissante des Tunisiens à son discours. Comme il y a de fortes chances, à mesure que les élections approchent, que cette peur se mue en panique, attendons-nous à assister aux campagnes de calomnie les plus abjectes contre Béji Caïd Essebsi et son entourage. Il faut dire que le maître à penser de ces langues de vipère, Goebbels, leur a légué tant de précieux conseils et en particulier celui-ci : « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». 
     
    Lorsque la terrible sentence est tombée, le rappeur « Weld El 15 » a dû se dire qu’il aurait mieux fallu pour lui mettre le feu à une ambassade ; il aurait eu droit, au moins, à la clémence des juges et serait rentré, le jour même, chez lui  muni d’un doux sursis. Deux ans fermes pour une chanson, ça fait un peu cher le refrain. Là s’arrête, cependant, mon élan de compassion ; je ne considère pas, en effet, que traiter nos policiers de chiens constitue une expression de la liberté de création. J’ai connu des formes artistiques plus achevées et certainement plus dignes d’intérêt. Depuis le 14 janvier 2011, les policiers tunisiens ont, par ailleurs,  suffisamment « dégusté » pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter. Fallait-il par une provocation inutile ruiner le patient travail accompli pour redresser le moral des forces de l’ordre ?  A l’heure où les menaces sur notre sécurité sont réelles, est-il judicieux de semer le trouble au sein de ce corps ? Rien ne peut justifier, pas même la liberté de création, l’atteinte à l’honneur et à la dignité de nos policiers ; les ravaler au stade de représentants de la race canine témoigne d’un mépris inqualifiable pour une catégorie de compatriotes aussi estimable que toutes les autres. C’est un fait que certains élus ou responsables politiques actuels sont loin de donner l’exemple et cultivent l’insulte et la grossièreté avec la distinction de charretiers au sortir d’une taverne. Comment s’étonner, dans ce cas, que des rappeurs ne soient pas contaminés par cette sous-culture et ne payent pas leur écot dans cette grande entreprise de dégradation collective. Notre Justice, une fois de plus, ne sort pas grandie de cette lamentable affaire ; son extrême sévérité pour un écart de langage ou pour des paroles déplacées contraste avec sa mansuétude voire sa complaisance envers des individus ayant appelé publiquement au meurtre ; le sale type qui s’est rendu coupable d’exhorter une foule à liquider Béji Caïd Essebsi n’a pas été poursuivi et n’a pas écopé ne serait-ce que d’une amende. Les exemples d’une justice sélective ne manquent pas et le dernier verdict dans l’affaire « Weld El 15 » ne va sûrement pas aider à atténuer nos doutes quant à son impartialité et à son indépendance du pouvoir politique.

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